Section 1600-1699

Siècle d’or et de misères

Le XVIIe siècle, malgré son lot de difficultés telles qu’épidémies, grands hivers, famines et guerres, sera exceptionnel au niveau des arts.

Les rivalités intereuropéennes se poursuivent au travers de la colonisation des Amériques. L’Espagne a un avantage certain dans la conquête de l’Eldorado et devance la France, qui s’établit à Québec en 1608. L’Empire espagnol connaît le premier son « siècle d’or ». Sous l’impulsion des mécènes de la cour, les arts jouissent d’un développement exceptionnel. Tandis que catholiques et protestants se déchirent encore, une liberté de culte règne aux Pays-Bas. Scientifiques et érudits de toute l’Europe s’y installent, avides de cette indépendance de pensée et d’opinion.

Cette période dite de « l’âge d’or » est un temps de grande hégémonie commerciale pour les Pays-Bas et favorise un intense développement culturel. Ce sera vraiment à partir du règne de Louis XIV, régnant en monarque absolu, que la France connaîtra son Grand Siècle.

L’enthousiasme de la Renaissance retombe, une période de doute s’installe, mais donne naissance à un moment d’éclat bref et intense de renouvellement artistique.

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VIDÉO : bref aperçu de la section 1600-1699

Musiques typiques, jouées sur instruments d’époque

Durée : 3’44

 

 

Thématiques : événements, lieux et personnages évoqués en musique

 

William Shakespeare (1564-1616), le « Barde »

 

Malgré deux épisodes d’épidémies de peste qui nécessiteront la fermeture des théâtres, l’époque de Shakespeare est celle du déploiement foisonnant du théâtre élisabéthain à Londres. Cette période faste prendra fin en 1642, à la suite du décret du Parlement puritain, qui imposera la fermeture des théâtres, considérés comme des lieux diaboliques.

L’œuvre de Shakespeare est prolifique et ses premières pièces, dans lesquelles il joue lui-même, connaissent rapidement un succès retentissant. Les souverains de l’époque agissent en protecteurs des Arts, ce qui permet à sa troupe, les Lord Chamberlain’s Men de se produire à la cour d’Élisabeth Ière, puis à celle de Jacques Ier, sous le nom de King’s Men. La troupe joue dans le premier théâtre public de Londres, The Theatre, qui sera démantelé par ses membres et reconstruit à l’extérieur de la ville, au sud de la Tamise et rebaptisé The Globe.

À cette époque, le public est affamé de spectacles théâtraux. Une conscience nationale se consolide et intègre les périodes troubles qui ont ravagé le pays depuis le Moyen Âge, sous le règne des Tudors. Le peuple a besoin de saisir le sens de ces guerres, ou du moins, d’entrevoir une morale et une justice. À travers des personnages de l’Antiquité, qui donnent vie à ces drames familiaux parsemés d’assassinats et de jalousies, le théâtre permet d’éduquer la population à une Histoire qui se construit depuis la cour. Les mises en scène de Shakespeare sont vivantes et favorisent l’interaction du public. La musique y tient une place importante, car elle permet de créer la tension dans la tragédie, d’amener un rebondissement et de susciter l’attention du public.

Le succès et la reconnaissance de l’œuvre de Shakespeare contrastent pourtant avec le mystère entourant l’homme, son aspect physique et même l’attribution de son œuvre. Les détails concernant sa vie sont limités, ce qui a permis à la légende de se construire autour de sa personnalité.

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LES MUSIQUES

VIDÉO :  Brown Bessy, Sweet Bessy

Bouton V-1600-1699

Anonyme (début XVIIe siècle)

Pièce composée pour un des chefs d’œuvre de Shakespeare, Le roi Lear.

François LECLERC, luth

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A Toy

1600-1699 Bouton audio 1

Thomas Robinson (1589 – 1609)

François LECLERC, luth

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VIDÉO : Greensleeves et variation

Bouton V-1600-1699

Anonyme (début XVIIe siècle)

Pièce jouée sur scène au Globe Theatre lors de représentations de Roméo et Juliette.

François LECLERC, luth et élaboration de la variation

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The Squirrel’s Toy

1600-1699 Bouton audio 1

Francis Cutting (v. 1550  –  v. 1596)

François LECLERC, luth

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Lachrimae Pavan

Bouton V-1600-1699

John Dowland (1563-1626) / Johann Schop (1590-1667)

Variations de Johann Schop sur l’air Flow My Tears de John Dowland.

Evelyne MOSER, violon baroque

François LECLERC, luth

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Fantasia

1600-1699 Bouton audio 1

Giovanni Coperario  (v. 1575 – 1626)

Compositeur anglais dont le vrai nom était John Cooper. Il italianisa son style après un voyage en Italie vers 1604.

Femke BERGSMA, flûte à bec

Élise GUAY, flûte à bec

 

 

Galileo Galilei (1564-1642), le « messager céleste »

Il a tant démantelé les systèmes de représentation du monde et défait les connaissances livrées par les Sages de l’Antiquité que Galilée a fait de son nom un symbole.

Issu d’une famille florentine, il est versé très jeune dans les arts. D’un père musicien, luthiste et chanteur, cet homme de sciences a le profil parfait de l’humaniste de son époque. Il s’initie à différentes disciplines sans jamais terminer aucune de ses formations. Il commence une instruction religieuse, puis la médecine, et enfin les mathématiques. Sans diplômes, il développe cependant une grande ouverture d’esprit, une curiosité scientifique et, en autodidacte, se permet de transgresser les méthodes d’apprentissage traditionnelles. De l’observation des phénomènes, il tire des déductions et réfute des évidences admises par la science officielle.

Il s’intéresse entre autres à la chute des corps, au mouvement oscillatoire des pendules, à la résonance des sons, mais ce sont ses découvertes en astronomie qui lui vaudront la gloire et bien des ennuis avec les autorités religieuses. En 1609, il reproduit une lunette à deux lentilles selon un modèle existant aux Pays-Bas. Alors qu’il pointe sa longue-vue vers le ciel, il parvient à examiner la surface de la Lune et la Voie lactée.

Il bouleverse les conceptions traditionnelles de l’univers en annonçant la mobilité de la Terre. Pour faire accepter son message scientifique et ses méthodes, Galilée  doit se livrer à une rhétorique de nature théologique, argumentant que « l’intention du Saint-Esprit est de nous enseigner comment on doit aller au Ciel, et non comment va le ciel ». Il terminera cependant ses jours dans les querelles, procès, et même l’emprisonnement.

 

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LES MUSIQUES

VIDÉO : Saltarello

Bouton V-1600-1699

Vincenzo Galilei (vers 1520 – 1591)

Luthiste, compositeur, théoricien de la musique et chanteur, il est le père de Galileo Galilei.

François LECLERC, luth soprano

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Balletto  Amor vittorioso

1600-1699 Bouton audio 1

Giovanni Giacomo Gastoldi (v. 1556  –  1622)

Femke BERGSMA, flûte à bec

Élise GUAY, flûte à bec

François LECLERC, luth

Hermel BRUNEAU, viole de gambe

Rafik SAMMAN, percussions

 

Adaptation : François LECLERC

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Balletto Lo schernito

Bouton V-1600-1699

Giovanni Giacomo Gastoldi  (v. 1556  –  1622)

Femke BERGSMA, flûte à bec

Élise GUAY, flûte à bec

François LECLERC, luth

Hermel BRUNEAU, viole de gambe

Rafik SAMMAN, percussions

 

Adaptation : François LECLERC

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Vaudeville

1600-1699 Bouton audio 1

Anonyme (début XVIIe siècle)

Œuvre présente dans L’Harmonie universelle de Marin Mersenne. Ce dernier a entretenu avec Galileo Galilei une correspondance portant sur les sciences et la musique.

Stéphanie LECOMTE, harpe triple

François LECLERC, luth

Mathilde VIEILLARD-BARON, viole de gambe

 

Adaptation : François LECLERC

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Récit « Galileo Galilei »

1600-1699 Bouton audio 1

Texte et narration : Jean-Nicolas Marquis

 

Le Cid

(Pierre Corneille)

Le Cid est une des pièces les plus connues du théâtre français de l’époque classique, mais contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, elle ne correspond pas en tout point aux règles formelles du théâtre classique. Depuis 1630, la règle d’unité de temps, de lieu et d’action, inspirée de la tragédie grecque, doit diriger l’organisation du récit.

Corneille s’autorise ainsi une liberté de création à une époque constituée de normes. Sa pièce présente un mélange des genres, unissant tragédie et comédie. Alors que la France et l’Espagne sont en guerre au moment de l’écriture de la pièce, Corneille situe sa tragédie à Séville, à l’époque de la Reconquista et non pas dans le cadre physique ou temporel de l’Antiquité. Il prend pour personnage principal le légendaire mercenaire espagnol du XIe siècle, Rodrigo Diaz, dit Le Cid, et donne pour plusieurs générations, à l’imaginaire français, l’image d’un héros espagnol défenseur de sa nation contre les Maures, pour personnifier le courage et l’honneur envers sa patrie.

Le Cid est joué pour la première fois en 1634 à la cour et sera même présenté à Londres quelques années plus tard. La pièce va connaître un vif succès auprès du public, même si des querelles au sujet de sa formalité exigeront de l’auteur certaines modifications.

La situation vécue par les personnages est propre à la tragédie : ils sont en proie à des sentiments de déchirement entre l’honneur familial et national, entre l’amour et le bonheur individuel. Don Rodrigue et Chimène s’aiment et doivent se marier. Cependant, Don Rodrigue a reçu comme ordre de son père de tuer en duel le père de Chimène pour le venger et réparer son honneur, à la suite d’une humiliation qu’il a subie de cet homme. Le Don Rodrigue de Corneille est un homme auquel il aspire : noble, capable de dominer ses passions et de répondre à ses devoirs. Don Rodrigue obéit mais l’amour de Chimène ne s’éteint pas pour autant et ils s’uniront tout de même.

L’œuvre de Corneille exprime une part de la quête de l’esthétique classique du XVIIe siècle : l’oubli de soi derrière les sentiments du vrai, que sont l’Amour et l’Honneur. Pour la première fois, une tragédie se terminait par une fin heureuse et le dilemme qui n’a cessé de déchirer les personnages se dénoue par le triomphe de la jeunesse et de l’Amour.

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LES MUSIQUES

 

Récit Les adieux du Cid

précédé de l’introduction Folia, Faronells Division on a ground
Bouton V-1600-1699

Musique publiée par John Playford en 1684

Alain CARRÉ, comédien

Evelyne Moser, violon baroque

François LECLERC, luth et adaptation

Collaboration : Les Éditions de l’Astronome, Thonon-les-Bains (France)

Enregistré à Genève (Suisse).

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VIDÉO : Prélude en la mineur

1600-1699 Bouton audio 1

Santiago de Murcia (1682  –  v. 1735)

François LECLERC, guitare baroque

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La Canarie

Bouton V-1600-1699

Anonyme (début XVIIe siècle)

Jean-Luc TAMBY, luth,

François LECLERC, guitare baroque

Mathilde VIEILLARD-BARON, viole de gambe

Sébastien FAUQUÉ, percussions

 

Adaptation : François LECLERC

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Introduction et récit

Le mariage de Rodrigue et Chimène

1600-1699 Bouton audio 1

                                                                                           Propinan de Melyor, anonyme, XVIe siècle ; Evelyne MOSER, vièle à archet et François LECLERC, luth.                                                                                                                                                Tiento et Romanesca O Guardame Las Vacas, Alonso de Mudarra (v. 1510-1580) ; François LECLERC, guitare Renaissance.

Bernard Paccot, comédien

Collaboration : Les Éditions de l’Astronome, Thonon-les-Bains (France)

Enregistré à Genève (Suisse).

 

 

Louis XIV (1638-1715)

Le roi Soleil

Louis XIV a régné durant un demi-siècle, de 1661 à 1715. Sa naissance, attendue depuis 23 ans de l’union de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, entoure le futur roi d’un caractère de divinité qui lui vaut le nom de Louis-Dieudonné. À l’âge de 23 ans, lorsqu’il monte sur le trône, il se déclare lui-même monarque absolu et seul décideur des affaires de la France. Il conserve l’emblème solaire déjà utilisé par son père pour se représenter et se donne lui-même le nom de « roi soleil ». Dans la lignée de la Renaissance, il associe son règne et son pouvoir à celui de Dieu. Il fera de Versailles le siège de sa puissance en 1682 et du XVIIe, le Grand Siècle.

Sous l’impulsion de cet amoureux du Beau, du ballet, de la musique, la cour devient un espace de création, de spectacle, d’apparat de sa grandeur. Fondateur des Académies et mécène, il s’entoure des meilleurs architectes, écrivains, musiciens et, en retour, sa puissance inspire les créateurs. La Galerie des Glaces, longue de 73 mètres, dont la voûte comprend 30 compositions illustrant sous forme d’allégorie antique ses victoires militaires en témoigne. Cet étalage de luxe masquait cependant une réalité autrement plus douloureuse.

Même si le règne de Louis XIV aura coûté cher au peuple français en termes d’impôts et de guerres, son rayonnement artistique et culturel, dont l’éclat est comparable à celui qui a marqué l’Italie au siècle précédent, sera un modèle pour le reste de l’Europe.

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LES MUSIQUES

 

Air pour six Indiens et Indiennes

Bouton V-1600-1699

Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

Surintendant de la musique du roi Louis XIV et maître de musique de la famille royale.

Nicole TROTIER, violon baroque

Geneviève GILARDEAU, violon baroque

Femke BERGSMA, flûte à bec

Paul-André DUBOIS, viole de gambe

François LECLERC, luth

Richard PARÉ, clavecin

 

Adaptation : François LECLERC

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VIDÉO : Gavotte

Bouton V-1600-1699

François Couperin (1668-1733)

Musicien très apprécié par Louis XIV, il a notamment œuvré à la Chapelle royale de Versailles.

Nicole TROTIER, violon baroque

François LECLERC, guitare baroque

 

Adaptation : François LECLERC

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Bourrée

1600-1699 Bouton audio 1

Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

Paul-André DUBOIS, viole de gambe

François LECLERC, luth

 

Adaptation : François LECLERC

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VIDÉO : Chaconne

1600-1699 Bouton audio 1

Jacques Champion de Chambonnières (v. 1602-1672)

Adaptation pour luth d’une pièce écrite à l’origine pour le clavecin par le « fondateur de l’École française de clavecin ». Très actif, il a notamment dansé avec le roi en 1653 dans le  Ballet de la nuit de Jean-Baptiste Lully.

François LECLERC, luth et adaptation

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Mascarade Les noces de village dansée par le roi à son château de Vincennes en 1663 (extraits)
Bouton V-1600-1699

Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

Anne THIVIERGE, flûte traversière baroque

Nicole TROTIER, violon baroque

François LECLERC, guitare baroque

Michel DUCHARME, viole de gambe

 

Adaptation : François LECLERC

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Le Bourgeois gentilhomme (extrait) : Chaconne

1600-1699 Bouton audio 1

Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

Anne THIVIERGE, flûte traversière baroque

Nicole TROTIER, violon baroque

François LECLERC, guitare baroque

Michel DUCHARME, viole de gambe

 

Adaptation : François LECLERC

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VIDÉO : Bourrée

1600-1699 Bouton audio 1

Jacques de Saint-Luc (1616-1708)

Ce luthiste et compositeur réputé dans plusieurs pays d’Europe se serait produit, lors d’un séjour à Paris en 1647, devant le jeune Louis XIV alors âgé de 9 ou 10 ans.

François LECLERC, luth

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VIDÉO : Gavotte pour les matelots (bientôt en ligne)
Bouton V-1600-1699

Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

François LECLERC, guitare baroque

Adaptation : François LECLERC

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